Interview Ngassa Happi

Comment peut-on comprendre qu’une équipe mythique comme le Tonnere Kalara Club de Yaoundé, qui a fait la fierté du football camerounais dans les années 1970- 1980, peine aujourd’hui à retrouver les sommets ?

Tonnerre de Yaoundé a été effectivement la deuxième équipe camerounaise après Oryx de Douala en 1965, à avoir gagné le championnat d’Afrique. Ce club, à l’époque, avait des dirigeants de qualité comme mes amis et aînés SoterTsanga et le président général

Martin Omgba Zing, avec ses amis Elemva, Mbarga Mboa, le Général Semengue, et enfin de meilleurs supporters comme l’épouse de l’ancien Président Ahidio, à travers son Aide de camp Ibrahim. Il n’y a pas que Tonnerre qui est à la peine. Il y a aussi de grands clubs comme Dynamo, Union de Douala, Canon de Yaoundé. Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer cette situation, car les choses ont changé : la passion et la mentalité des dirigeants de notre époque, ceux des années 1970-1980, l’esprit
combatif et le patriotisme des joueurs, n’existent plus. Au niveau du gouvernement, le grand soutien que nous, dirigeants de clubs émérites, recevions des ministres passionnés de football, du Chef de l’Etat, excusez-moi de le dire, n’existe plus. A cela s’ajoute la mentalité malheureuse, égoïste des joueurs gui, aujourd’hui, ne privilégient pas la défense des couleurs de la nation, ni de leur association, encore moins la fierté d’appartenir à Tonnerre, Union ou Canon.

Ils ont en plus un esprit mesquin. Les dirigeants ne sont pas exempts de reproches. Ils ne pensent plus à faire des équipes qu’ils managent, des instruments de fierté nationale. Ils s’en servent plutôt pour se faire élire maire, député. Ils sont aussi mus par l’appât du gain. A notre époque, il n’y avait pas ce qu’on appelle « professionnalisme ». Mais aujourd’hui on a mis dans la tête des joueurs qu’ils jouent pour gagner de l’argent d’abord, malheureusement. L’avènement du professionnalise n’a pas été bien préparé. Les dispositions préalables n’ont pas été prises. On a cru que c’était quelque chose de facile. Revenant sur Tonnerre, il y a eu de graves dissensions en son sein, pas étrangères au passage à vide de l’équipe. Des jeunes qui sont arrivés après le président- fondateur Martin Omgba Zing, et qui voulaient diriger le club, se permettaient d’insulter sa femme ou le Général Pierre Semengue, l’un des piliers de l’équipe. Tout cela peut générer de la malchance. Quand il n’y a pas d’affection entre membres d’une même famille, quand ils ne regardent pas dans la même direction, automatiquement le désordre s’installe et plombe les résultats.

Quels conseils donnez-vous à ceux qui dirigent Tonnerre actuellement ?

Ecoutez, c’est difficile. Nous sommes à l’ère, dit-on, du professionnalisme. On tâtonne encore. Il y a eu beaucoup d’expériences malheureuses. Les gens croient-ils qu’en un claquement de doigts, tout va se mettre en place ? Aux grandes équipes comme Union, Tonnerre, Canon 70% des membres des clubs ne sont là que quand il y a des victoires. Tant qu’il y en a, ils sont nombreux autour de l’équipe. Après une ou deux défaites, le pauvre président se débrouille tout seul. Souvent las, ils jettent l’éponge et on doit tout recommencer. Ce n’est pas ce recommencement-là qui fera gagner Tonnerre, ou qui que ce soit. Il faut que les présidents aient des moyens. Un président qui n’en a pas de façon permanente, ne peut pas diriger une équipe pendant longtemps. Il faut aussi que le gouvernement qui a adopté le principe du professionnalisme, fasse son devoir. Cela vaut aussi pour la fédération. Combien d’équipes ont-elles reçu leur dû depuis l’année dernière et combien d’argent ? Cette année, on a dit que, selon la loi qui prime sur un décret, c’est le Ministère des Sports et de l’Education Physique qui va remettre la subvention, suivant une bonne répartition connue de tous. Nous verrons les résultats.

En conclusion, avec de grands dirigeants sérieux, une mobilisation des membres et de bons joueurs, il est certain que Tonnerre va encore revenir au sommet.

Vous avez connu le fondateur du Tonnerre Martin Omgba Zing. Parlez nous de l’homme que vous avez côtoyé ?

Bien sûr, c’était un grand-frère, un ami personnel. On l’appelait généralement « Maltip ». Car il était parfois comme moi. C’est-à-dire qu’il ne se fichait pas mal de certaines choses. U avait ses moyens financiers. Il m’a dit une fois : « tu as été à l’école, je n’y ai pas été. Allons à la Poste Centrale (à Yaoundé), alignons nos billets de 10 mille jusqu’à Mbalmayo. On verra celui qui va s’arrêter. Il était gueulard (Rires). 11 adorait Tonnerre ! C’était son cœur, ses pieds, ses yeux ! Très souvent, quand mon équipe Union allait à Yaoundé jouer contre Tonnerre, on s’engueulait au stade, mais après le match, on se retrouvait chez lui pour rigoler, très souvent avec Soter Tsanga. Nous avions des relations très fraternelles.

A l’occasion du mariage du premier fils du Maire André Fouda, il avait imposé ma présence à son grand-frère qui ne me connaissait pas du tout. Par ailleurs, quand Soter Tsanga avait quitté Douala pour Yaoundé, après la fermeture de la SONAC, j’ai été désigné par lui président d’accueil camerounais de l’obscurité actuelle, car la Bible dit que les morts ne sont pas morts. C’est vrai et je pense que nos morts sont fâchés de notre égoïsme, de notre médiocrité, de notre arrogance négative. Pour conclure, quand dans Tonnerre ou dans d’autres clubs, l’amour, l’entente, la solidarité et la vision commune reviendront, même ces morts dont j’ai parlé plus haut, agiront pour que les résultats reviennent et que ces clubs reviennent au sommet.

Quels vœux formulez-vous pour les clubs mythiques du Cameroun en 2025 ?

Très sincèrement, je déplore la disparition ou la descente en Ligue 2 des grands clubs mythiques tels que Oryx, Caïman, Léopard, Racing, Aigle de Dschang, Tonnerre de Yaoundé, Diamant de Yaoundé, Lion de Yaoundé, Eclair de Douala, Foudre d’Akonolinga, Fédéral de Foumban, Entente de Ngaoundéré, Dragon de Yaoundé, etc. etc.

On constate douloureusement que la flamme allumée en permanence sur les stades camerounais et africains, de 1965 à 1981, est totalement éteinte par TUnion Sportive de Douala, la dernière équipe camerounaise à avoir remporté la dernière coupe des coupes continentale, à Lagos au Nigéria, en 1981. Quelle honte pour notre performance sportive : 1981 – 2025, soit 44 ans de stérilité de clubs camerounais.

Dans le contexte actuel, il est très difficile à cette allure, de retrouver de grands clubs comme les équipes de notre époque, car la fusion de plusieurs éléments fondamentaux est difficile à retrouver en 2025, notamment de grands dirigeants riches et entourés de membres sérieux, et de grands joueurs qui aiment leurs Clubs et leur pays le Cameroun, et enfin une fédération et des Ministres des sports à l’écoute des dirigeants. Aujourd’hui, il faudrait une Fédération qui accepte de travailler en harmonie avec tous les Présidents de Clubs, et un gouvernement décidé à venir en aide correctement aux équipes. J’ai toujours dit que les victoires se construisent avec le temps, avec de grands dirigeants capables et sérieux. Mes vœux, c’est seulement une forte interpellation de tous les partenaires du mouvement sportif, c’est-à-dire un gouvernement responsable et attentif, une fédération soucieuse de son vrai rôle, de grands joueurs responsables, et enfin des membres et dirigeants, à la solidarité agissante, au dévouement, et surtout aux sacrifices financiers énormes qu’impose actuellement le management d’une grande équipe professionnelle et ambitieuse.

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